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On Chitou a Lidé pou Lémansipasyon

Idée directrice :
Il y a dans notre pays une grande défiance à l’encontre des intellectuels car nombre sont jugés en déphasage avec le réel social et psycho-culturel de notre société. Le constat est raison mais nous ne devons pas nous en réjouir tant il est vrai qu’aucun peuple ne peut se satisfaire de l’inefficience de ses intelligences car la ressource intellectuelle est comparable en prix et valeur à la ressource travail dans une société. Sans Intelligence collective cristallisée dans des corps de concepts élaborés et portés au plus haut, il n’y aura pas de progrès collectif. Si jamais rien ne garantit que les intellectuels soient entendus et compris, si rien ne garantit qu’ils possèdent la connaissance à la fois juste et utile, il n’en reste pas moins que la balle de la fonction qui leur est dévolue au plan social reste dans leur camp et non dans celui du « peuple » en général : tout intellectuel qui se respecte doit se hisser à sa place, se forcer de jouer pleinement sa fonction et la mettre au service des gens.
Nous entendons par « intellectuel » non seulement celui qui a appris par ses études et a cultivé les savoirs acquis dans l’exercice de sa profession, mais encore tout acteur social en mesure d’élever une expérience de qualité au plan de la théorie, du conceptuel et de l’Idée directrice qu’il aurait poursuivie et élaborée afin de la diffuser pour qu’elle serve la communauté. La fonction intellectuelle ne tient pas qu’au diplôme et à la profession exercée ; ce n’est pas une performance dans le gargarisme des mots ; elle ne consiste pas à prendre des poses de « m’as-tu vu », à se faire admirer, à se complaire dans les médias avec le souci d’être « politiquement correct », à s’escrimer à être acceptable et promu par les autorités ou bien encensé par l’opinion. Elle consiste à produire des idées issues de sa pratique qui soient non répétitives, qui soient à la fois efficientes et neuves avec le seul souci de faire avancer le corps social. Il ne s’agit que de mettre ses COMPETENCES avec la plus grande SINCERITE et HUMILITE au service de l’intérêt général et de la pratique sociale. L’acte intellectuel véritable a été de tous temps, en tous lieux, au service du progrès humain, non de la servitude et de l’immobilisme, au service du développement de l’Intelligence collective et de l’inventivité créatrice, de l’élévation de la Conscience, en un mot de l’EMANCIPATION HUMAINE. Ce but général qu’est l’Emancipation prend dans notre contexte de société post-esclavagiste, micro-insulaire, dépendante, non autonome, et donc non libre une certaine résonnance et une valeur singulière de libération et de réalisation tant individuelle que collective.
Principes :
Si c’est vers la LIBERTE que nous tendons, alors l’acte de réflexion, de production d’idées doit ETRE FONDAMENTALEMENT LIBRE, cela signifie que la pensée est affranchie, critique, sans entrave, sans complaisance ou pliure aux dogmes, à l’Autorité de l’Etat et aux autorités en général. Elle doit être tout aussi non complaisante avec la pensée commune, non vérifiée, ou encore vis-à-vis de toute nouvelle assertion s’érigeant en dogme indiscutable. Pour autant, l’acte intellectuel peut et doit s’énoncer dans le respect des gens, de leur expérience, de leur sensibilité ; il s’exerce avec pédagogie, dans une relation empathique et bienveillante avec le souci de faire progresser la compréhension d’ensemble.
Si produire de la pensée utile n’a jamais été en soi acte évident, le débat, la confrontation, la contradiction parce que mal posées et mal engagées ont souvent tué des éclosions prometteuses, échouées par défaut de compréhension, d’entendement, de méthode, ou par esprit de sotte jalousie ou de rivalité. Le nécessaire débat des idées n’a pas comme synonyme obligé la compétition et la concurrence, mais il ne peut être non plus alignement sur une pensée unique posée comme indiscutable. Il faut savoir entendre, écouter, comprendre, prendre le temps de réfléchir, de mesurer, d’échanger, d’évaluer, de soupeser, de juger … C’est ce que pratiquaient les Anciens quand ils palabraient. C’est aussi de cette socialité autour de LA PALABRE UTILE que nous nous inspirons, conscients qu’il nous faut penser à inverser la démarche et à rechercher dans nos traditions les plus positives pour … Savoir verser ses idées au pot commun de l’échange plutôt que camper sur des petites certitudes imperméables l’une à l’autre, invérifiables donc incommunicables et par suite stériles.
L’idée et le sentiment qui nous guident nous ont amené au concept historique du Chitou. Nous nous inspirons de cette ancienne pratique de solidarité et de mise en commun venue de l’Afrique de l’Ouest, portée de ce côté de l’Atlantique par les Africains esclavisés et répandue dans toute la Caraibe qui a été entretenue et parvenue jusqu’à nous par l’intermédiaire des confréries et associations fraternelles. On verse dans une caisse commune une contribution qui profite tour à tour à Chacun et à Tous. Le profit personnel est dans la solidarité collective. Le profit collectif passe par l’adhésion individuelle sincère. Le succès du Chitou tient au mouvement circulatoire mutualiste fondé sur la Confiance, la Reconnaissance de l’Autre, la Fraternité, l’Intelligence, la compréhension d’où se situe l’intérêt commun.
La SOLIDARITE est une des sources essentielles, un des principaux fondements et un ferment de notre guadeloupéanité. Transposons-la au plan de la production des idées.
Il s’agit donc de verser solidairement dans un chitou intellectuel nos réflexions, nos expériences théorisées, nos études, nos projections, nos propositions pour le bien commun. Ainsi, le chitou n’est pas au service d’un parti, d’un groupe particulier, d’une idéologie spécifique ou d’une personne, mais d’une CAUSE qui est celle de l’EMANCIPATION guadeloupéenne, laquelle passe par la DESALIENATION et la LIBERATION de la Pensée. C’est la seule CONDITION requise POUR AVANCER ; c’est la seule base d’accord préalable que nous posons.
Le Chitou a Lidé pou Lémansipasyon n’est pas une organisation, une association, ni même un lyannaj de plus mais une ouverture. On n’adhère pas à une structure, mais à une idée directrice et à une pratique. Il suffit donc de dire son accord en co-signant ce papier, puis de participer au chitou en respectant ses règles induites selon un programme fluide auquel chacun aura contribué. On verse ses idées, on y puise, on s’enrichit, on enrichit le collectif, on redistribue celles-ci et donc on éclaire la société.
Les champs à défricher et ensemencer sont à la fois vastes et en profonde interaction. Ils relèvent des Sciences Humaines et Sociales (Histoire, Anthropologie, Sociologie, Philosophie, Linguistique, Théologie, Sciences de l’Education, etc. …), des Arts et des Lettres (arts vivants, arts plastiques, artisanat) Sciences de la Nature et de la Terre (Ecologie, Géographie, Océanographie, Géologie, etc …) des Sciences Juridiques, Economiques et de Gestion, (Droit public, Droit des Institutions, Droit Privé, Economie des entreprises, économie sociale et solidaire, agronomie, etc …), des Sciences expérimentales et théoriques (Santé, Chimie, Physique, Mathématiques, etc.)

Les moyens de ce « Chitou » :

  • Un site web – textes à débattre – pages débats.
  • Circulation de textes –audio et vidéos argumentaires, explicatifs, pédagogiques.
  • Emissions radio, TV. 
  • Conférences débats (en live et en webinaire).
  • Cours – formations.
  • Centre-ressources et banque d’idées pour les entreprises, associations et groupements.

[A l’initiative de Jean-Pierre Sainton (historien, universitaire) & Claude Hoton (historien, ingénieur culturel)]